Parité
PARITÉ ENTRE LES SEXES EN MATIÈRE D’ACCÈS AUX POSSIBILITÉS D’ÉDUCATION : UN CHANTIER INACHEVÉ
Le cinquième des objectifs de l’EPT portait sur l’égalité et la parité entre les genres, mais les progrès accomplis entre 2000 et 2015 ont été mesurés principalement du point de vue de la participation à l’éducation et de l’achèvement des études, en comparant simplement le nombre de garçons et le nombre de filles aux différents niveaux de l’enseignement. Plusieurs décennies de sensibilisation, de travail sur les politiques et d’investissement ont abouti à des avancées importantes en ce qui concerne la scolarisation des filles et l’amélioration de la parité dans le primaire et le secondaire.
La présente section examine les tendances et les progrès en matière de parité entre les sexes dans l’éducation tout au long de la vie, depuis le développement de la petite enfance jusqu’à l’alphabétisation des adultes et leur apprentissage de l’arithmétique, et dans les efforts pour faire en sorte que la totalité des filles et des garçons, de toutes origines sociales, aient accès à autant de niveaux d’éducation qu’ils le souhaitent et mènent ces études à leur terme, parvenant ainsi à des niveaux d’instruction élevés.
DANS L’ENSEIGNEMENT PRÉPRIMAIRE, LA PARITÉ ENTRE LES SEXES EST ATTEINTE, MAIS LES TAUX DE SCOLARISATION SONT TRÈS FAIBLES
L’accès à des programmes de développement de la petite enfance, en particulier pour les enfants issus de milieux défavorisés, peut réduire les inégalités en apportant à tous les enfants les bases qui leur permettront de commencer leur scolarité sur un pied d’égalité. Une bonne santé et une bonne nutrition, la stimulation précoce et continue des facultés cognitives et un environnement familial favorable sont des facteurs essentiels d’un apprentissage initial dont les dividendes seront perçus tout au long de la vie (UNESCO, 2015a). Le Programme 2030 réaffirme le droit de tous les enfants aux bases solides que confèrent une éducation et une protection de la petite enfance de bonne qualité.
En 2014, le taux brut de scolarisation dans l’enseignement préprimaire était de 44 % pour l’ensemble du monde. L’Asie du Sud était la région où ce taux était le plus faible (18 %), suivie par l’Afrique subsaharienne (22 %) et l’Afrique du Nord et l’Asie de l’Ouest (29 %). Les taux sont beaucoup plus élevés en Amérique latine et dans les Caraïbes (73 %), en Asie de l’Est et du Sud-Est (76 %) et en Europe et en Amérique du Nord (85 %).
La parité entre les sexes dans l’enseignement préprimaire est presque acquise partout sauf en Asie du Sud, où 94 filles sont scolarisées pour 100 garçons. Environ 63 % de l’ensemble des pays pour lesquels on dispose de données indiquent avoir atteint la parité dans l’enseignement préprimaire. S’agissant des 37 % restants, les filles sont scolarisées en plus grand nombre dans 37 pays, et les garçons dans 22 pays. Le pourcentage de pays parvenus à la parité dans le préprimaire reste inférieur à 50 % dans le Caucase et en Asie centrale, en Afrique du Nord et en Asie de l’Ouest, et en Afrique subsaharienne. Djibouti, le Maroc, le Pakistan et le Yémen affichent la plus forte disparité au détriment des filles, avec moins de 90 filles inscrites pour 100 garçons. À l’inverse, moins de 80 garçons sont inscrits dans le préprimaire pour 100 filles en Arabie saoudite, en Arménie et en Mauritanie.
En 2014, 44 % des enfants dans le monde étaient inscrits dans un établissement préprimaire, le taux variant de 20 % environ en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne à 85 % en Europe et en Amérique du Nord
DES AVANCÉES MAJEURES ONT ÉTÉ FAITES DANS L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ET SECONDAIRE, MAIS IL FAUT ALLER BEAUCOUP PLUS LOIN
Dans l’enseignement primaire et secondaire, des progrès réels ont été accomplis sur la voie de la parité, de pair avec une rapide expansion du système éducatif. En 2014, la parité était atteinte au niveau mondial, en moyenne, dans l’enseignement primaire et les deux cycles de l’enseignement secondaire. Mais les moyennes mondiales masquent des disparités persistantes dans de nombreux pays et régions (tableau 1).
MALGRÉ DES TENDANCES GLOBALEMENT POSITIVES, DES DISPARITÉS SUBSISTENT DANS L’ACCÈS À L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE, LE PLUS SOUVENT AU DÉTRIMENT DES FILLES
Dans le primaire, où les disparités entre les sexes subsistent dans 37 % des pays, ces disparités sont défavorables aux filles dans 80 % d’entre eux. De tels écarts s’observent principalement en Afrique du Nord et en Asie de l’Ouest, où l’on compte seulement 95 filles inscrites pour 100 garçons dans l’enseignement primaire, et en Afrique subsaharienne où le ratio est de 93 filles pour 100 garçons. Ces régions ont toutefois fait d’importants progrès depuis 2000, à partir d’indices de parité de 0,88 et 0,85, respectivement. L’Asie du Sud est la seule région où les filles sont inscrites en plus grands nombres que les garçons dans le primaire, même si les écarts varient considérablement d’un pays à l’autre. En Afghanistan, on compte 70 filles scolarisées pour 100 garçons, mais en Inde près de 90 garçons pour 100 filles.
LES FILLES LES PLUS PAUVRES DEMEURENT CELLES QUI ONT LE MOINS DE CHANCES DE JAMAIS PÉNÉTRER DANS UNE SALLE DE CLASSE
En 2014, 61 millions d’enfants en âge d’être scolarisés dans le primaire ne l’étaient pas, contre 100 millions en 2000. Les filles représentent 53 % de la population mondiale d’enfants non scolarisés, soit le même pourcentage qu’en 2000, et une fille sur dix, contre un garçon sur douze, n’était pas inscrite à l’école en 2014. C’est en Afrique du Nord et en Asie de l’Ouest que les écarts sont les plus marqués entre les sexes. L’analyse montre que, globalement, 47 % des 32 millions de filles qui n’étaient pas scolarisées en 2014 ne le seront probablement jamais, contre 35 % des 29 millions de garçons dans la même situation. Un plus grand nombre de garçons que de filles – 47 % contre 32 % – ont des chances d’être scolarisés tardivement (figure 1).
C’est en Afrique subsaharienne que les filles sont confrontées aux plus forts obstacles. Sur l’ensemble des filles non scolarisées, 50 % (9 millions) ne franchiront jamais le seuil d’une salle de classe, contre 41 % des garçons non scolarisés (6 millions). Les garçons sont 42 % à avoir des chances d’être inscrits à l’école, contre 33 % des filles. On observe des tendances similaires en Asie du Sud, où l’écart entre les sexes est encore plus accentué : 81 % des filles non scolarisées ont peu de chances de commencer des études, contre 42 % de garçons, dont la plupart devraient être scolarisés tardivement (ISU et UNESCO, 2016).
Une fille sur dix, contre un garçon sur douze, n’était pas inscrite à l’école primaire en 2014
Les données concernant six pays dans lesquels se concentre un tiers de la population mondiale d’enfants non scolarisés confirment les tendances régionales : les enfants pauvres, notamment les filles, présentent un risque particulier d’être exclus de l’enseignement scolaire. Dans les pays affichant de forts pourcentages d’enfants non scolarisés, les filles les plus pauvres continuent d’avoir le moins de chances de jamais l’être. Au Nigéria, où 8,7 millions d’enfants en âge d’être inscrits dans le primaire n’étaient pas scolarisés en 2010, l’accès des filles les plus pauvres à l’éducation s’est amoindri depuis 2000 ; le pourcentage des filles les plus pauvres n’ayant jamais fréquenté l’école est passé de 46 % en 1999 à 76 % en 2013. Même dans des pays qui, comme l’Éthiopie, ont beaucoup progressé depuis 2000, d’importantes disparités demeurent, et les filles les plus pauvres ont toujours les chances les plus faibles d’être scolarisées un jour (figure 2).
DISPARITÉ ENTRE LES SEXES EN MATIÈRE D’ACCROISSEMENT DE LA PARTICIPATION AUX DEUX CYCLES DU SECONDAIRE
Les pays sont plus nombreux à présenter des disparités entre les sexes au niveau du secondaire qu’au niveau du primaire. En 2014, 54 % des pays n’étaient pas parvenus à la parité dans le premier cycle du secondaire, et 77 % dans le deuxième cycle du secondaire (tableau 1).
La disparité entre les sexes revêt des formes plus complexes dans le secondaire. Alors que, dans le primaire, les filles présentent toujours un risque beaucoup plus grand d’être défavorisées, dans le secondaire les disparités peuvent jouer en leur faveur. Elles leur sont défavorables dans le premier cycle du secondaire dans près de 60 % des pays, et dans le deuxième cycle dans 43 % des pays.
Les disparités au détriment des filles sont plus courantes dans les pays affichant un faible ratio de scolarisation dans le secondaire. Sept des dix pays dans lesquels moins de 80 filles sont inscrites dans le premier cycle du secondaire pour 100 garçons se situent en Afrique subsaharienne. Dans deux pays récemment touchés par un conflit – la République centrafricaine et le Tchad – les filles inscrites dans le premier cycle du secondaire étaient moins de deux fois moins nombreuses que les garçons en 2014.
Les taux de scolarisation dans le premier cycle du secondaire sont plus souvent défavorables aux garçons dans les pays où le taux de scolarisation global est élevé. Le Suriname a atteint un taux d’inscription dans le premier cycle du secondaire de 97 % mais compte 86 garçons inscrits pour 100 filles. Dans la plupart des pays où les garçons sont moins nombreux que les filles à ce niveau de l’enseignement, la disparité s’explique par un taux d’abandon supérieur chez les garçons plus que par un taux de passage du primaire au secondaire plus élevé chez les filles.
La situation est similaire dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Sur les 23 pays où l’on y dénombre moins de 80 filles pour 100 garçons, 16 se trouvent en Afrique subsaharienne. Les disparités favorables aux filles s’observent dans 25 des 31 pays de l’Amérique latine et des Caraïbes pour lesquels on dispose de données. Au Brésil et en Uruguay, moins de 83 garçons sont scolarisés pour 100 filles dans le deuxième cycle du secondaire.
En 2014, 54 % des pays n’avaient pas atteint la parité dans le premier cycle du secondaire, et 77 % dans le deuxième cycle du secondaire
FAIRE EN SORTE QUE TOUTES LES FILLES ET TOUS LES GARÇONS SUIVENT UN CYCLE COMPLET DE 12 ANNÉES D’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ET SECONDAIRE : LE CHEMIN EST ENCORE LONG
L’agenda Éducation 2030 fait de l’achèvement par tous les enfants du cycle complet de l’enseignement primaire et secondaire une priorité, mais cet objectif semble hors de portée dans une large partie du monde. L’analyse des données livrées par les enquêtes sur les ménages fait apparaître un taux d’achèvement des études primaires de 51 % dans les pays à faible revenu, de 84 % dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et de 92 % dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Un adolescent sur quatre seulement parvient au terme du premier cycle du secondaire dans les pays à faible revenu, et quatre adolescents sur cinq dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Même dans les pays à revenu élevé, 84 % seulement des jeunes achèvent le deuxième cycle du secondaire. Le défi est toutefois le plus considérable dans les pays à faible revenu, où ce taux n’est que de 15 % environ (tableau 2).
Les tendances concernant la parité entre les sexes du taux d’achèvement des études varient, selon les régions, les groupes de revenu et les niveaux. Dans le primaire, la parité n’est atteinte qu’en Asie de l’Est et du Sud-Est et en Asie du Sud. Les filles sont moins nombreuses que les garçons à achever le cycle du primaire en Afrique du Nord, en Asie de l’Ouest et en Afrique subsaharienne. En Amérique latine et dans les Caraïbes, on compte néanmoins 95 garçons menant leurs études primaires jusqu’à leur terme pour 100 filles.
En Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, la disparité entre les sexes est plus forte dans le deuxième cycle du secondaire, et les garçons sont plus nombreux que les filles à achever leurs études secondaires. En Amérique latine et aux Caraïbes, les garçons ont moins de chances que les filles de mener à terme les deux cycles du secondaire. Dans des pays comme le Honduras et le Suriname, moins de 70 garçons pour 100 filles achèvent les deux cycles.
Les garçons ont moins de chances que les filles d’achever le premier et le deuxième cycle du secondaire, en particulier en Amérique latine
LA PAUVRETÉ ET LE LIEU DE RÉSIDENCE CREUSENT LES DISPARITÉS ENTRE LES SEXES EN MATIÈRE D’ACHÈVEMENT DES ÉTUDES
De graves inégalités en matière d’achèvement des études sont liées à d’autres facteurs. En Afrique subsaharienne, la parité entre les sexes est atteinte pour les 20 % les plus riches qui ont achevé le cycle de l’enseignement primaire, mais parmi les 20 % les plus pauvres, 83 filles seulement l’ont achevé pour 100 garçons, et cette proportion tombe à 73 dans le premier cycle du secondaire et à 40 dans le deuxième cycle. À l’inverse, on note des disparités considérables au détriment des garçons les plus pauvres en Asie de l’Est et du Sud-Est pour ce qui est de l’achèvement des deux cycles du secondaire (figure 3).
Dans bien des pays pauvres, comme le Mozambique et la République-Unie de Tanzanie, moins de 2 % des jeunes filles issues des familles les plus pauvres ont achevé le premier cycle du secondaire en 2010-2011, contre 35 % des jeunes hommes issus des familles les plus riches.
Les taux d’achèvement des adolescents, en particulier les garçons, sont une source de préoccupation croissante dans bon nombre de pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En 2013, l’enquête EU-SILC a révélé des écarts entre les sexes défavorables aux garçons égaux ou supérieurs à 20 % à Malte et au Portugal. Dans certains pays européens, un statut socioéconomique peu élevé accentue le désavantage des garçons en ce qui concerne l’achèvement du deuxième cycle du secondaire. Pour six pays d’Europe, les écarts sont faibles entre garçons et filles riches, mais saisissants entre garçons et filles pauvres : en Lettonie, 75 % des filles pauvres, mais seulement 55 % des garçons pauvres arrivent au terme du deuxième cycle du secondaire (figure 4).
Dans bien des pays, le fait de vivre dans une zone rurale ou défavorisée expose les enfants et les adolescents à un risque accru de ne pas mener leurs études à leur terme. Entre 2009 et 2014, 19 % des enfants ruraux des pays à faible revenu ont achevé le premier cycle du secondaire, contre 48 % des enfants vivant en milieu urbain.
Dans les zones rurales du Nigéria, du Pakistan et du Yémen, seulement 25 % environ des filles achèvent le premier cycle du secondaire, contre près de 50 % des garçons. En revanche, dans certains pays dont le Mexique, la Mongolie et les Philippines, les garçons des zones rurales ont moins de chances d’achever le premier cycle du secondaire – même si, dans ces pays, les taux d’achèvement globaux tendent à être plus élevés et les écarts entre les sexes plus étroits (figure 5).
Les inégalités liées au lieu de résidence, à la richesse et au sexe ne sont pas indépendantes les unes des autres, comme le montre l’analyse des enquêtes sur les ménages réalisées au Brésil, en Inde, au Lesotho et au Nigéria. Dans ce dernier pays, plus de 90 % des adolescents issus de ménages aisés, garçons comme filles, des zones urbaines comme des zones rurales, avaient en 2013 des chances d’achever le premier cycle du secondaire. Parmi les jeunes filles rurales pauvres, à peine 3 % avaient achevé le premier cycle du secondaire, contre 17 % des jeunes gens de cette même catégorie. En Inde, les taux d’achèvement du deuxième cycle du secondaire atteignaient en moyenne 70 % en 2011 ; le taux moyen était de 26 % pour les garçons pauvres des zones rurales et beaucoup plus faible pour les filles de cette catégorie.
Dans certains pays, les effets combinés du lieu de résidence, du sexe et de la pauvreté sont un puissant facteur d’exclusion pour filles et garçons. Au Lesotho, 4 % en moyenne des garçons pauvres des zones rurales achèvent le premier cycle du secondaire, contre 60 % environ des filles et des garçons issus de familles aisées. Au Brésil, 9 % des garçons pauvres ruraux y parviennent, soit deux fois plus que les filles pauvres rurales.
Les taux d’achèvement des adolescents, en particulier les garçons, sont une source de préoccupation croissante dans bon nombre de pays de l’OCDE
TRÈS PEU DE JEUNES FEMMES ET DE JEUNES HOMMES DANS LE MONDE ONT ACCOMPLI AU MOINS 12 ANNÉES D’ÉTUDES
Parmi les 90 pays à revenu faible ou intermédiaire pour lesquels on dispose de données, 10 seulement affichent un nombre d’années d’études moyen égal au moins à 12 parmi les jeunes âgés de 20 à 24 ans (figure 6). Dans bien des pays de l’Asie du Sud et de l’Afrique subsaharienne, dont l’Afghanistan, le Bénin, l’Éthiopie, la Guinée, le Pakistan, le Soudan du Sud et le Tchad, les jeunes femmes les plus pauvres ont accompli moins d’une année d’études, contre environ deux ans ou plus pour les jeunes hommes les plus pauvres.
Cela étant, les jeunes hommes ont fait moins d’années d’études que les jeunes femmes dans bon nombre de pays d’Amérique latine et des Caraïbes et d’Europe et d’Amérique du Nord, où le nombre moyen d’années d’études est au moins égal à 9, alors que cela n’est le cas que dans seulement 3 des 60 pays où ce nombre moyen est inférieur à 9.
Dans les régions et les groupes ethniques défavorisés, la disparité entre les genres en matière de nombre d’années d’études est généralement plus marquée (figure 7). Au Cameroun, où les jeunes adultes de la région de l’Extrême-Nord ont accompli en moyenne 3,2 années d’études, les jeunes femmes ont un niveau d’instruction égal à moins de la moitié de celui des jeunes hommes, alors que le ratio national de parité entre les genres est de 0,8. En Serbie, le niveau d’éducation des jeunes femmes rom représente les deux tiers de celui des jeunes hommes de ce même groupe, alors qu’à l’échelle nationale, les jeunes femmes ont en moyenne un niveau d’instruction supérieur à celui des jeunes hommes. Au Brésil, en revanche, les jeunes hommes autochtones ont un niveau d’études inférieur à celui des jeunes femmes de ce groupe, ce qui correspond aux tendances nationales.
LES ZONES TOUCHÉES PAR UN CONFLIT SE CARACTÉRISENT PAR UN DÉSAVANTAGE EXTRÊME EN MATIÈRE D’ÉDUCATION
Dans l’ensemble des pays touchés par un conflit, 21,5 millions d’enfants en âge d’être scolarisés dans le primaire ne vont pas à l’école. Au cours de la dernière décennie, le problème des enfants non scolarisés s’est de plus en plus concentré dans les pays touchés par un conflit, où leur proportion est passée de 29 % en 2000 à 35 % en 2014 ; en Afrique du Nord et en Asie de l’Ouest, la progression a été de 63 % à 91 % (ISU et UNESCO 2016).
Les conflits renforcent l’inégalité entre les genres. Les filles qui vivent dans un pays touché par un conflit présentent près de deux fois et demie plus de risques de ne pas être scolarisées (UNESCO, 2015c). Les filles réfugiées ont moins de chances d’achever le cycle primaire, puis d’être admises dans le secondaire et de mener ces études à leur terme. Les déplacements jettent les enfants dans des environnements moins protecteurs et leurs familles peuvent recourir à des mécanismes d’adaptation qui défavorisent les filles, notamment le travail domestique des enfants et les mariages d’enfants. Dans les camps de Kakuma au Kenya, les filles ne représentaient en 2015 que 38 % seulement des élèves du primaire (UNHCR, 2015).
La proportion d’enfants en âge d’être scolarisés dans le primaire qui ne vont pas à l’école est passée de 29 % en 2000 à 35 % en 2014 dans les pays touchés par un conflit
RÉSULTATS DE L’APPRENTISSAGE : LA PARITÉ ENTRE LES SEXES N’EST PAS ENCORE ATTEINTE
Les résultats scolaires des filles et des garçons diffèrent sur le plan des performances globales et par matière. Les évaluations de l’apprentissage réalisées au niveau régional et international dans le primaire et le secondaire font apparaître des différences considérables entre les genres.
Les filles continuent d’obtenir de meilleurs résultats que les garçons en lecture et en langue. L’enquête réalisée en 2012 dans le cadre du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) dans 34 pays de l’OCDE et 31 pays et économies partenaires a montré que les filles âgées de 15 ans obtenaient partout des notes en lecture sensiblement plus élevées que les garçons. Dans certains pays, dont la Bulgarie, la France et le Portugal, l’écart entre les sexes s’était creusé depuis 2000, en grande partie du fait d’une amélioration plus marquée des performances des filles (UNESCO, 2015a).
L’analyse des résultats de la troisième Étude explicative et comparative régionale (TERCE) a révélé une forte disparité entre les sexes dans les pays de l’Amérique latine. Les filles ont obtenu de meilleures notes en lecture que les garçons en troisième et sixième année d’études, leur avantage dans ce domaine apparaissant déjà clairement en troisième année et se renforçant en sixième année. L’écart dans les performances en lecture était supérieur à 20 points en Argentine, au Chili et au Panama (UNESCO, 2016b).
Les garçons ont toujours été meilleurs que les filles en mathématiques à tous les niveaux du primaire et du secondaire, mais cela est en train de changer. Les résultats de l’enquête PISA 2012 montrent les garçons réussissant mieux que les filles en mathématiques dans une majorité de pays, mais perdant du terrain dans certains, comme la Norvège et la Slovaquie (UNESCO, 2015a). Dans les pays participant à l’étude TERCE, on n’a constaté aucun écart en mathématiques parmi les élèves de troisième année de l’un et l’autre sexe, les écarts n’apparaissant qu’à des niveaux d’études supérieurs.
Au Costa-Rica, au Nicaragua et au Pérou, les garçons obtenaient des résultats sensiblement meilleurs que les filles, alors qu’en Argentine, au Brésil et en République dominicaine, les filles étaient meilleures qu’eux. Mais les notes de mathématiques en sixième année d’études ont mis en évidence des écarts très caractéristiques entre les deux sexes. Dans la plupart des pays, à l’exception du Chili, du Panama, du Paraguay et de l’Uruguay, les filles faisaient nettement moins bien que les garçons (UNESCO, 2016b).
Filles et garçons peuvent obtenir des résultats tout aussi bons en lecture, en mathématiques ou en science dans des conditions favorables : il n’y a pas entre eux de différences intrinsèques sur le plan des capacités. Pour resserrer l’écart en lecture, les parents, les enseignants et les décideurs doivent inciter les garçons à lire davantage. S’agissant de l’écart en mathématiques, des progrès en matière d’égalité des genres hors des salles de classe, en ce qui concerne notamment les perspectives d’emploi, pourraient grandement contribuer à réduire les disparités.
Les garçons ont toujours été meilleurs que les filles en mathématiques à tous les niveaux du primaire et du secondaire, mais cela est en train de changer
SI LES TENDANCES ACTUELLES PERSISTENT, L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ET SECONDAIRE UNIVERSEL NE SERA PAS ATTEINT D’ICI 2030
Les nouvelles analyses réalisées pour le Rapport GEM 2016 montrent que, si les tendances passées persistent, même l’objectif d’achèvement universel de l’enseignement primaire adopté dans le cadre de l’EPT, et dans les Objectifs du Millénaire pour le développement, risque de ne pas être atteint d’ici 2030.
L’objectif d’achèvement universel de l’enseignement secondaire est clairement hors de portée. Si les taux de progression passés n’évoluent pas, seulement 84 % des filles et des garçons âgés de 15 à 19 ans parviendront au terme du premier cycle du secondaire, et 69 % au terme du deuxième cycle du secondaire (tableau 3).
Aux taux de progression passés, les pays à faible revenu ne devraient pas réaliser l’enseignement primaire et secondaire universel avant la fin du siècle. En 2030, la moitié environ des filles âgées de 15 à 19 ans devraient achever le premier cycle du secondaire dans les pays à faible revenu, et seulement 33 % des garçons et 25 % des filles le deuxième cycle du secondaire.
L’achèvement universel des études secondaires est un objectif qui exige une rupture immédiate et sans précédent avec les tendances passées. Les projections montrent que la disparité entre les sexes demeurera très marquée au niveau de l’enseignement secondaire. Au niveau du primaire, 127 pays (81 %) atteindront la parité d’ici à 2030. Selon ces mêmes projections, 66 % des pays pour lesquels on dispose de données devraient néanmoins atteindre la parité dans le premier cycle du secondaire, mais seulement 30 % d’entre eux dans le deuxième cycle du secondaire.
À l’échéance des ODD en 2030, on estime que seulement 33 % des garçons et 25 % des filles auront mené à leur terme leurs études de deuxième cycle du secondaire
LES DISPARITÉS ENTRE LES SEXES SONT PLUS MARQUÉES DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR QU’AUX NIVEAUX INFÉRIEURS
Dans le monde, le nombre de femmes inscrites dans des établissements d’enseignement supérieur était plus élevé que celui des hommes en 2014, alors que l’indice de parité entre les sexes moyen était de 1,11 ; en 2000, on dénombrait autant de femmes que d’hommes (Tableau 4). Les disparités entre les sexes en faveur des femmes sont plus fréquentes que dans l’enseignement secondaire, mais suivent des schémas similaires. Le nombre de femmes inscrites était supérieur dans les pays à revenu moyen supérieur et élevé, tandis que les hommes étaient plus nombreux dans les pays à revenu faible. Le taux de participation des femmes était plus élevé en Europe et en Amérique du Nord, en Amérique latine et dans les Caraïbes et le Pacifique, et les étudiantes étaient beaucoup moins nombreuses dans l’enseignement supérieur en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. Dans certains pays, notamment en Afghanistan, au Bénin, en République centrafricaine, au Tchad et au Niger, il y avait moins de 40 femmes inscrites dans l’enseignement supérieur pour 100 hommes.
Dans la plupart des pays, les disparités au détriment des hommes s’aggravent entre l’accès à l’enseignement supérieur et l’achèvement des études. Au Costa Rica, on comptait 80 hommes inscrits mais 55 diplômés pour 100 femmes en 2014. Dans les pays des Caraïbes, notamment à Aruba, ainsi qu’en Afrique du Nord et en Asie de l’Ouest, notamment au Koweït, les femmes diplômées de l’enseignement supérieur étaient près de trois fois plus nombreuses que les hommes.
Dans les quelques rares pays où les disparités en matière d’inscriptions sont au détriment des femmes, les disparités en termes d’achèvement sont moindres. En 2014 en Égypte, 90 femmes pour 100 hommes étaient inscrites dans l’enseignement supérieur, mais les taux d’achèvement indiquaient des disparités entre les sexes moins marquées. L’aggravation des disparités entre les taux d’inscription et d’achèvement est moins courante. En 2013 au Rwanda, il y avait 79 femmes inscrites mais 53 diplômées pour 100 hommes (Figure 8).
L’alphabétisme ouvre la porte à une meilleure qualité de vie, à une meilleure santé et à des opportunités plus vastes. Elle permet aux individus, en particulier aux femmes, de jouer un rôle actif dans leurs communautés et de construire un avenir plus sûr pour leurs familles. Les enfants ayant des parents alphabètes disposent d’immenses atouts en termes d’accès à l’éducation et de réussite scolaire. En revanche, l’analphabétisme peut enfermer des foyers dans la pauvreté et réduire leurs opportunités, et porter atteinte à la prospérité nationale.
En 2014, le taux d’analphabétisme des adultes dans le monde était de 15 %, ce qui représente 758 millions d’adultes (Tableau 5) ; 63 % des adultes analphabètes sont des femmes, et cette proportion n’a presque pas évolué depuis 2000. En Asie du Sud, près d’un adulte sur trois est analphabète. En Afrique du Nord et en Asie de l’Ouest, la proportion est d’environ un sur cinq.
Les disparités entre les sexes dans les taux d’alphabétisme des adultes sont importantes dans l’ensemble des trois régions. En Afghanistan, les taux d’alphabétisme des hommes sont plus de deux fois plus élevés que ceux des femmes. Au Yémen, 47 % des femmes adultes et 16 % des hommes sont analphabètes. En République démocratique du Congo, au Mozambique et au Togo, le risque d’être analphabète est deux fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes.
Dans l’ensemble, les taux d’analphabétisme des jeunes sont plus faibles que ceux des adultes, ce qui reflète un meilleur accès des plus jeunes générations à l’enseignement primaire et secondaire. Environ 9 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans dans le monde, soit 114 millions de personnes, sont incapables de lire ou d’écrire une phrase. Dans toutes les régions, les disparités entre les sexes chez les jeunes sont moins marquées que chez les adultes.
3 % des adultes analphabètes sont des femmes, et cette proportion n’a presque pas évolué depuis 2000
LES DISPARITÉS ENTRE LES SEXES EN MATIÈRE D’ALPHABÉTISATION SONT RENFORCÉES PAR DES DÉSAVANTAGES PLUS GÉNÉRAUX
Les jeunes issus des foyers les plus pauvres ont beaucoup moins de chances de posséder les savoirs fonctionnels nécessaires pour la vie courante. Parmi les individus défavorisés, les jeunes femmes ont le plus de risques d’être laissées de côté, tandis que les jeunes hommes, ainsi que les femmes des ménages plus riches, pourront probablement acquérir des compétences de base en lecture et en écriture (Figure 9). Au Pakistan, 15 % seulement des jeunes femmes pauvres de 15 à 24 ans savent lire dans la vie quotidienne contre 64 % des jeunes hommes pauvres.
Dans les pays d’Afrique subsaharienne, notamment au Burkina Faso, au Niger et au Sénégal, les individus de 15 à 24 ans acquièrent des niveaux très bas de compétences alphabétiques, et les filles des ménages riches et pauvres savent généralement moins lire et écrire.
Au Niger, 77 % des jeunes hommes riches possèdent des compétences de base en lecture et écriture, contre 49 % des jeunes femmes riches, 7 % des hommes pauvres et 2 % des femmes pauvres.
Ces désavantages dans les apprentissages de base s’aggravent sous le poids combiné de la pauvreté, du lieu de résidence et de l’origine ethnique. Au Nigéria, 4 % seulement des jeunes femmes pauvres dans la région du Nord-Ouest savent lire, contre 99 % des jeunes femmes riches dans le Sud-Est. En Indonésie, la quasi-totalité des jeunes femmes riches de la province de Bali savent lire et écrire, alors que 60 % seulement des jeunes femmes pauvres de la province de Papouasie sont alphabétisées. En Éthiopie, les jeunes femmes Afar font partie des plus défavorisées en termes d’alphabétisation de base (Figure 10).
UN GRAND NOMBRE D’HOMMES ET DE FEMMES DANS LES PAYS LES PLUS RICHES ONT DE FAIBLES COMPÉTENCES EN LECTURE ET CALCUL
L’analphabétisme n’est plus considéré comme un problème dans les pays qui ont atteint l’enseignement primaire universel depuis longtemps. Pourtant, les faibles niveaux d’alphabétisme des adultes dans les pays les plus riches sont plus répandus qu’on ne l’imagine généralement. Parmi les 33 pays à revenu moyen supérieur et à revenu élevé qui ont participé aux cycles 2012-2015 de l’enquête du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes de l’OCDE (PIAAC), on a évalué qu’environ 20 % des femmes et des hommes âgés de 16 à 65 ans avaient un faible niveau d’alphabétisation, atteignant le niveau 1 ou inférieur sur l’échelle de compétences du PIAAC.1 Dans la plupart des pays, l’écart entre les sexes en matière d’alphabétisme n’était pas important ; même dans les pays où les différences étaient significatives sur le plan des statistiques, il était relativement faible.
La situation est différente en ce qui concerne les compétences en calcul. Dans tous les pays participants, à l’exception de la Fédération de Russie, les hommes adultes obtenaient de meilleurs résultats que les femmes, les écarts les plus importants entre les sexes ayant été observés au Chili, en Allemagne, en Irlande du Nord (Royaume-Uni), en Espagne et en Turquie, un pays où 59 % des femmes possèdent de faibles compétences en calcul, contre 42 % des hommes, et où les femmes sont moins nombreuses que les hommes à atteindre les plus hauts niveaux de numératie2 (OCDE, 2016c).